Argos, outil précieux pour la ré-introduction des condors en Californie
Les oiseaux charognards en général, et surtout les plus grands d’entre eux sont souvent des espèces menacées, même s’ils fournissent d’énormes services écologiques. Parmi eux, les condors californiens avaient presque disparu. Leur population se rétablit maintenant grâce aux efforts de réintroduction, mais ils sont toujours en danger, en particulier par le saturnisme. Le personnel du parc national des Pinnacles et de la Ventana Wildlife Society équipe certains de ces animaux d’émetteurs Argos pour pouvoir les suivre et notamment les récupérer en cas de maladie.
Un condor adulte (317) en vol, avec un émetteur Argos (Crédit: Ali Barratt).
Quasi-disparition
Les condors de Californie sont les plus grands oiseaux terrestres d’Amérique du Nord, avec une envergure impressionnante de 2,90 m. Les condors sont des charognards – ils se nourrissent strictement d’animaux morts, quels qu’ils soient, des écureuils terrestres aux baleines échouées.
Les populations de condor de Californie (Gymnogyps californianus) se trouvaient autrefois de la Colombie-Britannique, au Canada, à la Basse-Californie, au Mexique. Dès la fin du XIXe siècle, les naturalistes ont constaté leur diminution. En 1967, les condors ont été inscrits sur la liste des espèces en voie de disparition. Malgré cette protection, leur population a continué de diminuer et a chuté à 22 individus dans les années 1980. Tous les condors sauvages ont ensuite été piégés et placés dans des programmes de reproduction en captivité afin de sauver l’espèce de l’extinction.
Réintroduction
Depuis 1992, des condors élevés en captivité ont été relâchés à cinq endroits différents dans l’ouest de l’Amérique du Nord. Le parc national des Pinnacles s’est joint au programme de rétablissement en 2003. En 2016, le premier poussin condor depuis 1898 s’est envolé d’un nid dans ce parc. Depuis leur réintroduction, le nombre de condors dans la nature a lentement augmenté grâce à la nidification sauvage et à la libération de condors élevés en captivité.
Parmi les causes historiques du déclin de leur population on peut lister les tirs, le ramassage des œufs et la collecte de spécimens. Plus récemment, on note la consommation de déchets, l’électrocution sur des lignes électriques et le saturnisme. En effet, l’une des principales préoccupations est la mortalité due à la contamination des aliments, en particulier par le plomb. Le plomb demeure le matériau le plus courant pour les munitions et, à l’impact, il se brise en laissant des fragments à l’intérieur de l’animal mort. Même de petits fragments peuvent causer un empoisonnement lorsqu’ils sont consommés, et parce que les condors sont des charognards sociaux, plusieurs oiseaux à la fois peuvent s’empoisonner en se nourrissant d’une seule carcasse qui a été abattue avec du plomb. Heureusement, de plus en plus de types de munitions sans plomb sont disponibles pour la chasse.
Suivi par satellite de certains oiseaux
Le personnel du parc national des Pinnacles marque chaque oiseau avec lequel il entre en contact à l’aide d’une marque d’identification (plastique, étiquettes numérotées sur les ailes) et d’un émetteur VHF. Certains oiseaux reçoivent également un émetteur Argos avec un récepteur GPS afin d’obtenir des données précises sur les mouvements à petite échelle.
Les biologistes surveillent activement les données provenant des émetteurs satellite Argos pour déterminer si les animaux sont en mouvement ou s’ils sont immobiles. Si un condor n’a pas bougé de 2-3 jours (sur la base des données de localisation transmises), ils formeront une équipe pour aller vérifier sur place. Si les biologistes déterminent que l’oiseau est blessé ou malade, ils peuvent le capturer pour qu’il soit soigné dans une clinique. Si un condor souffre d’intoxication au plomb, il peut la plupart du temps être à nouveau relâché dans la nature après une semaine à plusieurs mois de traitement.

Grâce aux efforts de suivi, les biologistes sont également en mesure de récupérer les condors morts sur le terrain et de les soumettre à une nécropsie et à une analyse pour tenter de déterminer la cause de la mort. Mieux comprendre les menaces sur l’espèce permet d’aider le programme de réintroduction à prendre en compte ces dangers. En 2012, des chercheurs ont ainsi examiné la mortalité des condors dans la nature de 1992 à 2009. Une cause certaine de décès a été déterminée pour 76 condors sur 100 récupérés et la principale était l’intoxication au plomb, représentant 30 % de la mortalité connue pour les condors. Les efforts visant à réduire l’exposition au plomb chez tous les animaux sauvages se sont intensifiés grâce à cela.
Liens :
Les condors du parc national de Piinnacles & des actualités sur eux
Pour de plus amples renseignements sur l’intoxication au plomb et ses effets sur la faune : www.huntingwithnonlead.org